samedi 14 février 2009

Tezz deg tit-ik a ammi yennayer

Traditions et coutumes
Arettal n taghat dans le calendrier amazigh

Par Djamal Arezki

Depeche de kabylie n° 2040


Après “imirghan”, tranche de temps d’hiver froide et neigeuse allant du 5 février au 11 février du calendrier universel et qui coïncide avec la période du 24 au 30 yennayer du calendrier agraire amazigh. La journée suivante est celle qu’on appelle communément dans la haute Soummam, arettal n taghat, le prêt de la chèvre ! Elle tombe le 11 février selon le calendrier universel.

Cette légende s’est déroulée sur les hautes montagnes de la Kabylie au temps où les animaux étaient dotés de la parole. C’est l’histoire d’une chèvre zélée et belliqueuse qui se serait moquée du mois de janvier et l’aurait nargué à la fin de sa dernière journée, c'est-à-dire le 30, en lui faisant remarquer qu’il était parti de façon anonyme et banale sans froid ni neige abondante comme il était censé le faire. Elle lui aurait dit ceci : "Tezz deg tit-ik a ammi yennayer ! C’est-à-dire : Reçois un grand pet en plein œil, cousin janvier ! Fini le froid, fini la faim, c’est bientôt le printemps !" Touché dans son amour-propre et se sentant offensé et sa réputation du mois rigoureux et froid ayant pris un sacré coup, le mois de janvier a décidé de punir l’insolent caprin. Avant de laisser place au mois de février, il est allé le voir, séance tenante, et lui aurait emprunté une journée supplémentaire qu’il programma à dessein pluvieuse et neigeuse à souhait. Cette journée supplémentaire, à caractère punitif, a eu effectivement raison de la ténacité de la pauvre chèvre. Celle-ci mourut de froid et de faim le lendemain. Depuis, nous appelons cette journée du 31 janvier, le prêt de la chèvre qui se caractérise par la neige, le vent et la pluie à faire crever les caprins!
Mais l’explication la plus plausible vient de certains chercheurs. Le calendrier amazigh est une copie revue et adaptée du calendrier romain qui commença à partir de Numa Pompilius, deuxième roi légendaire de Rome vers 715- 672 av. JC. Il fut, par la suite, adopté par les Imazighen à travers toute la Berbérie à partir de 950 avant JC, à la suite des différents brassages belliqueux entre les deux peuples et en souvenir d’une victoire militaire d’un roi libyque sur les Pharaons. Ce calendrier comprenait alors douze (12) mois lunaires. Les douze (12) jours de retard accusé par le calendrier amazigh par rapport au calendrier grégorien d’aujourd’hui s’explique par le fait qu’en l’an 708 de Rome de Jules César (Caisus Julius César), homme d’état romain (101-44 av. JC) voulut mettre le calendrier romain en accord avec le cours du soleil. C’est ainsi que naquit le calendrier julien qui subsista jusqu’au XVIé siècle. Il admettait alors trois (3) années communes de 365 jours, suivies d’une année bissextile (année de 366 jours où toute année dont le chiffre correspondant est divisible par 4.

Exemple : 1960, 2008…par opposition à une année séculaire) qui comprenait un jour supplémentaire au mois de février.
Cette différence d’un jour atteignit au cours des siècles dix (10) jours en 1782. C’est alors que Grégoire XIII, pape de 1572 à 1585, ordonna, pour rattraper ce retard, que le jeudi 4 octobre 1582 fût immédiatement suivi du vendredi 15 octobre 1582, puis il supprima les bissextiles séculaires (c’est-à-dire les années dont les deux premiers chiffres sont divisibles par quatre. Ex.1200, 1600) sauf celles dont le millésime est divisible par 400, créant ainsi le calendrier grégorien (relatif à Grégoire) en vigueur aujourd’hui. Cependant, selon les spécialistes en la matière, subsiste encore une petite erreur d’un jour sur… 3 000 ans. A l’heure actuelle, ce calendrier, dit universel, est en avance de 12 jours sur le calendrier julien adopté par les Imazighen.

Voilà pourquoi nous fêtons notre nouvel an retard. En dépit de son adoption, les Imazighen ont su l’adapter à leur réalité en lui intégrant le cycle agraire.



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